En 1764, Isaac-Jacques rejoint le port de Lorient pour repartir aux Indes ; il fait route avec Jean Law de Lauriston (neveu du financier John Law, fondateur de la compagnie des Indes) ; ils retrouvent à Lorient Jean-Baptiste Chevallier, directeur du comptoir de Chandernagor et Jean-François de Surville, capitaine de vaisseau. Tous ces hommes se connaissent. Colombel et Surville ont été arraisonnés par les anglais au large de Nice en 1747 (guerre de succession d’Autriche) et ont passé 5 mois en tant que prisonniers en Angleterre. Chevallier et Surville se sont rendus ensemble à Pondichery en 1752. Ils ont des points communs : la volonté de défaire les anglais, le goût de l’aventure et une passion pour les indes. En écoutant ses compagnons qui décrivent les richesses des Indes, et surtout les cotonnades, Law fait une proposition. Le nouveau ministre de la marine, Choiseul, est favorable à la prise de position par la France de nouvelles terres inconnues, pour compenser les colonies perdues lors de la guerre de sept ans. Choiseul, qui réorganise la marine, encourage les marins audacieux à se lancer dans ces découvertes. Law propose de monter une expédition pour découvrir le Pacifique et la fameuse terre de Davis, une grande terre qui aurait été vue par un navigateur au large de l’Australie. Law et Chevallier proposent de financer la construction et l’armement du bateau ; Surville, qui doit revenir à Nantes l’armée suivante, sera le capitaine du bateau et en supervisera la construction. Isaac-Jacques sera le commandant de la petite troupe qui devra aborder les terres inconnues, et plus particulièrement la terre de Davis, censée se situer entre l’Australie et l’Amérique du sud. Le navire se nommera le St Jean-Baptiste, en référence à son principal financier (Chevallier). Lorsqu' Isaac-Jacques revint à à Pondichéry, il dut revenir en France suite à l'affaire Boyeleau. Il ne put accompagner Surville dans son expédition et proposa à son ami Saint-Paul, capitaine des Indes comme lui, de prendre sa place dans l’expédition.

En Juin 1767, le bateau est construit et Surville part de Nantes. Il commerce en Inde pendant 18 mois afin de financer l'expédition et en Mars 1769, le St Jean Baptiste quitte Pondichéry , dans le but de découvrir de nouvelles terres et créer des comptoirs de commerce. Il fit voile, depuis le Bengale, vers Yanaon, un autre comptoir français des Indes. Après y avoir fait escale, le St Jean Baptiste se remit en route le 2 juin, et arriva dans le détroit de Malacca.

Il navigua ensuite dans le Pacifique en même temps que le capitaine Cook. Alors que, sans le savoir, il mettait le cap directement vers la Nouvelle Calédonie, (pas encore découverte à l'époque), il fut dévié par les courants, et passa outre, juste trop loin pour voir la terre. Le nombre de malades et de morts parmi l'équipage ne cessant de croître, il devenait urgent pour de Surville de trouver un mouillage où il fût en sécurité. Il savait qu'Abel Tasman avait fait le relevé des côtes de la Nouvelle-Zélande un siècle auparavant, et, en s'aidant des cartes de Tasman, il décida de se diriger vers la Nouvelle-Zélande, qu'il savait se trouver quelque part dans la région. Finalement, à 11 heures 30 du matin, le 12 décembre 1769, le St Jean Baptiste fut en vue de la côte de Nouvelle-Zélande, juste au sud de Hokianga Harbour. Le navire continua vers le nord, à la recherche d'un endroit où mouiller en sécurité. Les conditions atmosphériques étaient mauvaises. Le 13 décembre, de Surville contourna le Cap Marie Van Diemen. C'est là que le St Jean Baptiste croisa "The Endeavour" sans qu'aucun des bateaux ne puisse apercevoir l'autre, tellement le temps était mauvais.

C'est extraordinaire de penser que de Surville et James Cook débarquaient tous les deux en même temps dans un pays qu'aucun Européen n'avait visité depuis Tasman, un siècle plus tôt. Ensuite il fit route sur le Pérou. Lors de l’escale à Chilca au Pérou, Survillevoulut débarquer et périt noyé en essayant de franchir la barre sur une embarcation le 8 avril 1770. Les espagnols gardèrent l'équipage en prison pendant près de 2 ans avant de les libérer .C’est le second Guillaume Labé qui prit le commandement et qui ramena le navire à Lorient le 7 avril 1773.

Bougainville a effectué le premier tour du monde français entre 1766 et 1769. Il disposait d'un financement royal , d'une frégate (la Boudeuse 600 tonneaux ) et d'une flute (L'étoile 500 tonneaux), des navires modernes taillés pour la vitesse (de l'époque ...)

Le navire de Surville a effectué son tour du monde entre 1767 et 1773. Le financement était privé et le navire construit (Le St Jean Baptiste) était loin d'avoir les qualités de vitesse et de robustesse des navires de Bougainville. Ce qui explique l'anonymat de ce tour du monde, c'est la date de retour. Choiseul n'est plus ministre et la France se désintéresse alors des expéditions maritimes.

Le timbre de Nouvelle Zélande commémore l'arrivée de Surville à Doubtless Bay où il perdit 3 ancres. 2 d'entres elles furent retrouvées en 1974.

Surville Le tour du monde oublié

Cook et Surville ont failli se croiser le 16/12. Ils sont passé à quelques km l'un de l'autre.