

Les drapiers de Rouen
Au moyen âge, les Colombel ont bâti leur fortune avec le commerce des draps. Partons à leur recherche. Nous retrouvons nombre de Colombel dans les archives du 14ème et 15ème siècle, dont certains sont nobles, soit par « franc-fief », soit par la charge occupée. Un anoblissement « franc-fief » permet à un roturier qui possède un fief noble de longue date d’accéder à la noblesse. Cet usage a été accordé par Louis XI aux normands en raison des ravages causés par la guerre de cent ans, à la destruction des archives, et donc à l’impossibilité pour les familles de prouver leur noblesse sur plusieurs générations. Nous retrouvons des Colombel marchands drapiers et des transactions de tissus où ils apparaissent et surtout, en provenance de l’abbaye de Jumièges, un grand nombre d’aveux concernant les Colombel (l'aveu est une déclaration écrite que doit fournir le vassal à son suzerain lorsqu’il entre en possession d’un fief (par achat ou héritage). Dès le 12ème siècle (1143 à Bernay), la confection de draps s’implante à Rouen et dans sa région. Cette industrie drapière va dynamiser l’activité de Rouen avec l’apparition de nouveaux et nombreux métiers (drapiers, tisserands, teinturiers, couturiers, foulons, cardiers, bonnetiers …). Elle provoque le lancement d’expéditions maritimes afin de se soustraire au monopole de Venise sur l’approvisionnement en teinture. Cette volonté des marchands rouennais de se soustraire au monopole imposé par la route de l’Orient va les entrainer dans des expéditions vers l’Ouest pour découvrir de nouvelles routes et sources d’approvisionnement. Une des premières expéditions, en 1402, fut celle Jean de Bethencourt, seigneur de Grainville la teinturière (pays de Caux) qui profita d’une bulle du pape encourageant la conquête des iles Canaries qui n’avaient pas de seigneur chrétien ; les habitants de ces iles très pauvres avaient repoussé une première tentative de conquête par le prince de Castille. Ces iles possédaient un trésor, l’orseille, un lichen dont on extrait une substance colorante violette permettant la teinture des textiles. La conquête des Canaries fit la richesse des drapiers rouennais.


En 1528 une nouvelle expédition financée exclusivement par les marchands de Rouen repart avec toujours le même objectif : trouver un passage vers le Pacifique et les Indes. Verrazzano part plus au sud, longe la Floride, parcoure les Antilles où il fut surpris par une tribu d’anthropophages et dévoré; son équipage continua la recherche, aborda le Brésil et finit par rentrer à Rouen. Au premier abord, cette expédition parut être un échec mais si Verrazzano n’avait pas découvert le passage, son équipage fit une curieuse découverte au Brésil. En lavant leur linge, les marins avaient jeté de la cendre dans les baquets d’eau et, à leur grande surprise, le linge se teint de rouge. Ils venaient de découvrir que l’arbre Brasil (car rouge comme la braise ; c’est cet arbre qui donna le nom au pays) fournissait une teinture rouge de grande qualité. A partir de cette date, le Brésil devient la source d’importation principale des normands et beaucoup de marchands drapiers devinrent armateurs. Cette réussite peut se mesurer en 1550 lors de la fête brésilienne organisée pour la visite du roi Henri II à Rouen.


Fête brésilienne Rouen 01/10/1550


Amérindienne sur l'église St Maclou de Rouen